D’être heureux, de trouver l’amour, de réussir, d’avoir une promotion, d’être enfin reconnu, de recevoir ceci ou cela …
Nous l’avons tous déjà dit à quelqu’un, non ? Tu le mérites. Peut-être même qu’on le pense pour nous même ?
J’écoutais d’une oreille une émission où le dessinateur suisse Alain Auderset racontait avoir un jour donné un billet de 100 francs à son fils adolescent. Pourquoi ? Pas parce qu’il avait obéit, ou terminé une corvée, ou atteint un objectif. Comme ça. Pour lui montrer qu’on peut parfois recevoir juste comme ça.
Ça m’a fait réfléchir, sur ce que je mérite.
Et finalement, je ne suis pas sûre de mériter grand-chose …
Tu le mérites, toi, le soleil qui se lève chaque matin ? Tu le mérites, l’amour de ton.ta conjoint.e, de tes parents, de tes frères et sœurs ? Tu le mérites, d’être né du bon côté de la mer ou de l’océan ? Tu la mérites, la pluie qui tombe, l’ouragan qui ravage ta maison ? Tu le mérites, le handicap qui t’empêche de te servir de tes mains, de tes pieds, de ton cerveau ? Tu les mérites, les fraises et les tomates cueillies dans ton jardin ?
Ah ÇA oui ! Tu as travaillé pour ! Tu as acheté la graine – avec ton argent durement gagné – , retourné la terre, arrosé amoureusement juste ce qu’il faut, attendu patiemment, versé de l’engrais et peut-être même un autre truc pour tuer les bestioles mangeuses de tomates et de fraises ! Ah oui, tu les mérites, tes belles fraises et tes bonnes tomates.
Hmm. Vraiment ?
Bon. Laissez-moi vous partager une chose.
Je crois en un Dieu fou.
Je crois en un Dieu qui n’attend pas qu’on mérite.
Je crois en un Dieu qui est généreux, et puis qui a donné, comme ça, pour rien, par amour.
Il y a un verset qui dit qu’il a choisi les choses folles et faibles du monde pour troubler, désorienter les choses sages et fortes du monde. Dieu est fou. Il ne fonctionne pas comme nous.
Genre, en guise de sauveur du monde, il envoie un bébé… de forme humaine … qui grandit de manière hyper ordinaire dans un petit bled perdu.
Si vous étiez Dieu et que vous vouliez sauver le monde, vous y prendriez comment ?
Sérieusement, qui parmi nous enverrait un BÉBÉ ?
Dieu est fou … Au lieu de nous tirer par les oreilles (pour rester polie), de pointer une par une nos erreurs monumentales, et de nous faire payer pour nous racheter, il envoie quelqu’un (oh, juste son fils) effacer tout. Comme ça. Par amour.
Moi j’ai appris que les choses se méritent. Tu as des bonnes notes si tu travailles. Tu as un bon salaire si tu fais des études (et des heures sup’). Tu as une récompense si tu atteins tel ou tel objectif. Tu es puni si tu ne respectes pas les règles. Et tout ça est vrai, en partie. En tous cas, on a notre part de responsabilité dans la vie qu’on mène.
Mais Dieu ne fonctionne pas comme ça. DIEU EST FOU. Il donne à ceux qui ne méritent pas.
La folie de Dieu, la folie de la Bible, c’est qu’on a aucune condition à remplir pour mériter l’amour de Dieu, ni son pardon. Et ça nous rend dingues, parce que nous on aimerait FAIRE ! Se dédouaner, ou réciter des prières, ou jeûner, ou ne pas manger ceci ou cela … On aimerait MÉRITER, y être pour quelque chose, quoi.
Mais non. On a rien à réussir. Rien à prouver. C’est de la folie. On a juste à accepter que c’est comme ça. Dieu nous aime, oui. Pis il a envoyé son fils pour pas qu’on aie à payer nos erreurs. Comme ça. C’est tout. Il a juste envie d’une relation avec nous. C’est ce qui fait qu’il est lui.
Alors moi je me dis … et si ?
Et si je prenais exemple, et que je travaillais à être généreuse pas seulement avec ceux qui le méritent ?
Et si une des clefs qui rendent la vie belle, c’est de (se) donner, juste comme ça. Par amour ? ou simplement parce qu’on a envie de rendre la vie des autres belle aussi ?
Et si j’arrêtais de penser à ce que je peux retirer pour moi ?
Et si on pouvait apprendre et grandir encore plus, en acceptant qu’on ne mérite pas grand-chose au fond ? Et si on prenait tout comme un cadeau ?
Et si je partageais, moi aussi ? Si je prenais l’habitude d’aimer donner ?
Et si la plus grande preuve d’amour, le plus grand cadeau qu’on puisse se faire les uns aux autres, c’est de moins fonctionner au mérite ?
Alors voilà, je ne mérite pas grand-chose … Et pourtant j’ai tout. Ça me rend reconnaissante ! Et vous ?